Vous ratez vos objectifs ? Apprenez pourquoi et comment vous en passer !

Published by Stéphane Garapon on

On vous dira qu’il faut se fixer des objectifs. Que c’est la clé du développement personnel. Puis que la loi de l’attraction fera venir à vous ce que vous désirez.

Vous allez donc vous donner des objectifs, les écrire. Et constaterez que cela ne vous aide pas forcement. Vous vous jugerez sévèrement, penserez que votre objectif n’est pas clair, et recommencerez.

Dans certains cas, que nous listerons ci-dessous, cela finira par fonctionner. Et le reste du temps, vos rêves resteront sans effets, ou sans ambition. Les chenilles se donnent-elles comme objectif de devenir papillons ?

Une image nous piège dans cette affaire : celle de la carte.

Lorsque vous connaissez par avance la cartographie d’une région, vous pouvez vous donner un objectif ! Mais figurez-vous que la vie est l’exploration d’un territoire qui se dévoile, mais également qui change à mesure que vous avancez. Vous ne pouvez donc pas poser la carte de vos vies futures possibles sur la table et dire, en pointant du doigt un objectif : « je vais ici »…

N’oubliez-pas : vous n’avez pas la carte !


Quand faut-il se fixer des objectifs ?

Se fixer des objectifs de rendement fonctionne (et encore, uniquement si vous disposez d’une méthode). Se fixer un objectif de performance fonctionne également.

Pourquoi ? Parce qu’il s’agit là de viser toujours la même chose, recommencée sans cesse et optimisée sans relâche afin d’être améliorée.

Ainsi, lorsqu’il s’agit d’utiliser une mesure unidimensionnelle de performance, la fixation des objectifs se suffit à elle-même. Ces objectifs sont alors qualifiés de SMART. Et dans SMART il y a simple, mesurable, atteignable, réaliste, temporellement défini. Autant dire que la fixation des objectifs ne fonctionne que pour des objectifs simplistes !

Autant de choses qui ne nous intéressent pas dans la vraie vie, et qui ne vous aideront pas pour impulser votre renouveau professionnel ou personnel… !


Pourquoi les objectifs ne suffisent pas le reste du temps ?

Le reste du temps se fixer des objectifs peut être au mieux inutile, voir contre-productif.

Les objectifs découragent

Se focaliser sur les objectifs peut tout d’abord nourrir la dévalorisation. En effet, le processus habituel lorsqu’on se fixe des objectifs est le suivant :

  • définition objectifs SMART, nous l’avons dit,
  • déclinaison d’un plan d’action,
  • l’engagement et la persévérance insuffisamment pris en compte, échecs et obstacles non anticipés,
  • l’abandon progressif, le quotidien qui reprends le dessus,
  • et enfin, la dévalorisation et la culpabilisation.

Quelques jours plus tard, vous êtes toujours à manger des cookies devant Netflix…

Les objectifs ne sont ni durables ni écologiques

Se focaliser sur les objectifs peut également dégrader la qualité d’une situation :

  • engendrer une dégradation des conditions de réalisation de l’action,
  • créer une focalisation néfaste sur le court terme,
  • mener à une tentative d’amélioration artificielle ou de dévoiement des indicateurs de progression choisis.

Trop souvent, donc, la poursuite sans éthique des objectifs amène à la survalorisation du court terme sur le long terme, alors que nous serions en droit d’attendre des objectifs qu’ils présentent les qualités suivante et soient :

  • durables,
  • respectueux du contexte,
  • robustes,
  • inspirants,
  • fluides.

Cela s’appelle avoir un système d’objectifs écologiques : dont les conséquences sont en accord avec les valeurs de la personne ou de la structure qui les impulse.

Les objectifs ne prennent pas en compte vos aveuglements

Les objectifs ne sont pas l’ultime vérité : ils sont faillibles et biaisés par votre perception actuelle de la réalité. Il portent la trace de ce que nous sommes au moment où nous les concevons. Autrement dit, vous les créez et les énoncez sous l’influence de vos système de représentation , biais cognitifs, limitations et craintes personnelles. C’est le principe de cette citation d’Abraham Maslow : « If the only tool you have is a hammer, you tend to see every problem as a nail » (Si le seul outil dont vous disposez est un marteau, vous avez tendance à voir chaque problème comme un clou)…

Décliner des objectifs opérationnels en sous-actions facilement réalisables fonctionnera très bien, effectivement, comme nous l’avons dit plus haut. Mais se fixer ainsi des objectifs plus complexes, a priori, ne vous fera qu’imaginer les choses selon votre perspective actuelle. Comme cela pourrait-il vous aider à changer ?

Suivre vos objectifs risque donc de ne vous amener qu’à ce que vous connaissez déjà, peut-être en mieux. Ainsi, si la chenille devait se donner un objectif, à quoi ressemblerait-il ? Comment s’imaginerait-elle une fois son objectif atteint ? Comme une super-chenille, encore plus grande, plus grosse ?

Les objectifs portent ainsi la marque de ce que vous êtes et de ce que vous pensez au début du processus d’évolution, pas à sa fin.


Les objectifs ne changent pas, vous si !

En outre, votre changement va également interférer avec votre évolution vers vos objectifs, à mesure que votre regard sur vous-même et celui des autres va changer.

Pour déverrouiller l’impact négatif de ce phénomène, vous pouvez vous poser les sept questions suivantes :

  1. que voulez-vous ?
  2. comment saurez-vous que vous l’avez obtenu ?
  3. comment les autres le sauront ?
  4. que se passera-t-il lorsque vous l’aurez ?
  5. qu’est-ce qui vous empêche de l’avoir ?
  6. quand le voulez-vous ?
  7. que pourriez-vous perdre en l’obtenant ?

Essayez de percevoir à quel point le fait suivant peut être important : ce que vous allez devenir rendra totalement caduque certaines des choses auxquelles vous accordez actuellement une importance centrale lors de la définition de votre objectif !


Ce qu’un objectif ne vous dit pas

Par ailleurs, l’objectif que vous vous donnez oublie de vous dire que cela se passe mal, en général… ! Car un objectif n’analyse pas, et ne précise pas, les actions que vous devez réaliser ni comment vous devez les réaliser.

L’objectif ne vous dit pas qu’il y aura des obstacles !

Se focaliser sur le processus est donc bien plus efficace, car les objectifs prescrivent l’idéal, alors que les processus partent de l’existant. Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, prenez donc du temps à vous demander comment vous allez progresser plutôt que de deviner où vous allez arriver (rappelez-vous : vous n’avez pas de carte !).

La focalisation sur le process va alors vous permettre d’anticiper :

  • les obstacles,
  • les conditions de réalisation.

C’est le principe de la méthode I.D.E.A.L.E.

L’objectif ne vous dit pas comment agir

En outre, la démarche par objectifs ne vous dit pas comment agir, et plus précisément elle ne vous dit pas :

  • comment agir du point de vue des valeurs l’éthique à appliquer,
  • comment agir du point de vue stratégique – quels choix de priorisation effectuer,
  • comment agir du point de vue tactique – quelles actions concrètes quotidiennes mettre en place.

Pour agir, et le faire de manière éthique, pragmatique et avec l’élégance chère à la PNL, vous devez donc surtout réfléchir au pas à pas quotidien que vous allez devoir mettre en œuvre. En toute modestie. Dans le respect de vos autres engagements et des équilibres de votre vie en cours.

L’objectif ne vous dit pas comment mesurer votre progression

Vous le savez bien : mesurer la progression d’une ascension en regardant le sommet mène au découragement : pas après pas, rien ne semble bouger là-haut. Mesurer l’écart à son objectif est donc bien souvent le meilleur moyen, soit de se décourager, soit de passer beaucoup d’énergie à construire des reportings qui ne servent à rien.

Ne vous méprenez pas. Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut pas évaluer ou mesurer. Mais qu’il faut évaluer et mesurer la bonne chose ! En l’occurrence, la régularité de vos pas, votre fréquence cardiaque, ou l’évolution de la météo. Concentrez-vous et évaluez les éléments qui permettent de réussir, plutôt que la réussite en elle-même ! Faites un détour, regardez au-delà des apparences.


Les objectifs et le piège de la motivation

Maintenir son cap

Maintenir son engagement et ne pas dévier de ses objectifs est difficile au quotidien. En plus de donner de la visibilité aux éléments déterminants pour progresser (comme nous venons de la voir), il vous faut donc savoir maintenant comment rester mobilisé.

Or cette question du maintien de la motivation peut vous amener à de redoutables impasses.

Les réseaux sociaux regorgent en effet de discours de motivation, tous plus inspirants les uns que les autres. J’en suis grand consommateur, je parle en connaissance de cause. J’en connais donc bien l’importance, mais aussi le principal risque : celui de vous éloigner de vos objectifs !

Comment est-ce possible ?

Il faut comprendre que les discours motivationnels agissent sur votre système physiologique, limbique et cognitif, et génèrent en vous un état de motivation et un sentiment d’accomplissementsans action !

Votre organisme va ainsi vite préférer la libération de dopamine associée à ces discours, sans risque ni effort, au passage à l’action réel ! Cela se traduis alors par une sur-consommation de ces supports avec perte d’engagement vis à vis de votre objectif réel et limitation des passages à l’action !

L’écart grandit alors entre votre objectif visé et votre situation actuelle, ce qui engendre un besoin renouvelé d’un nouveau discours, d’une nouvelle lecture, qui deviennent alors des formes élaborées de procrastination !

Ainsi, et paradoxalement, la recherche de motivation pour atteindre ses objectifs et la constatation de ne pas réussir peut mener à la déception, à la dévalorisation de soi et au découragement.

La solution ? Apprenez plutôt à tirer votre satisfaction du processus lui-même de progression, plus que de l’atteinte même de l’objectif. C’est un des principes décrit dans notre article consacré au système limbique.

Détournez les mécanismes de récompense

Les personnes qui réussissent utilisent la dopamine comme source première leur permettant de ne pas se détourner de leurs tâches.

Il est impossible de nous passer de dopamine, elle agit comme un puissant facteur vital, facteur de plaisir. La seule manière d’en détourner le fonctionnement à nos fins consiste à associer la libération de dopamine à l’effort et à la persévérance elle-même (avec des limites à trouver, comme pour tout ce qui implique la dopamine…) ! Apprendre à tirer sa récompense de dopamine en la faisant découler de l’effort et de la persévérance.

En outre, comme la production de dopamine baisse peu à peu avec le même stimuli, cela va créer un cercle vertueux qui vous aidera à poursuivre. Ainsi, en mesurant vos progrès comme expliqué plus haut, vous pourrez créer des boucles de rétroaction positives qui vous mèneront vers vos objectifs !

Routines, rituels et habitudes

Nous l’avons expliqué dans notre article consacré aux rituels, et Xavier Alberti le dit également de la plus belle des manières : « la routine est le plus court chemin vers la sécurité et l’efficacité ». Elle permet d’« embrasser l’ordinaire pour en tirer l’extraordinaire ».

Une fois votre objectif énoncé, le plus sûr moyen de réussir consiste donc à vous focaliser sur l’implémentation quotidienne du processus de progression, au travers de vos routines, rituels et habitudes.


Construisez un système de réussite

Se focaliser sur le processus est donc plus efficace que passer trop de temps à penser à votre objectif. Nous appelons cela construire son système de réussite.

Préférez les systèmes de réussite aux objectifs

Scott Adams, le créateur de la bande dessinée Dilbert, a partagé ses réflexions sur la fixation d’objectifs dans son livre « How to Fail at Almost Everything and Still Win Big ». Il soutient ainsi également que, plutôt que de se fixer des objectifs spécifiques, il est préférable de mettre en place des « systèmes » qui vous mettent régulièrement dans une position favorable pour réussir.

Selon S.Adams, un « objectif » est ainsi une cible spécifique que vous visez, tandis qu’un « système » est une routine ou une procédure que vous suivez régulièrement.

L’avantage du système est qu’il ne dépend pas d’une réussite ou d’un échec spécifique. Vous ne vous découragez pas si vous ne parvenez pas à atteindre un objectif précis, car votre succès ne dépend pas d’un événement unique. Au lieu de cela, vous travaillez constamment à améliorer votre situation globale.

Les systèmes sont plus efficaces parce qu’ils sont durables. Ils vous mettent dans une position favorable pour saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent, et ils ne vous découragent pas si vous ne parvenez pas à atteindre un objectif spécifique.

S.Adams souligne également que cela vous permet d’avoir une mentalité de croissance, d’être flexible et d’apprendre de vos erreurs.

En résumé : la méthode !

  1. Explicitez votre éthique
  2. Déterminez vos « aires de focalisation »
  3. Déterminez les premières étapes à atteindre
  4. Tenez compte du fait que cela va vous changer, avec les sept questions posées plus haut
  5. Explorez les obstacles possibles (en appliquant la méthode I.D.E.A.L.E)
  6. Configurez vos routines, rituels et habitudes
  7. Déterminez le processus et explicitez quelle doit être, concrètement, chaque jour, votre activité
  8. Mettez votre système de productivité au service de ce processus
  9. Puis faites un bilan, laissez la possibilité à vos premières idées de changer
  10. Et recommencez le processus !

Partez pour les Indes, découvrez les Amériques

Sachez devenir plus qu’une super-chenille, osez le papillon !

Pour inventer votre moi futur, ne limitez pas votre créativité. Un objectif trop étroit ou restrictif peut limiter la pensée divergente et nuire à l’innovation. Sachez changer d’objectif à mesure que vous inventez un futur possible.

Ne restez pas toujours sur le chemin, car, comme l’écrit le poète Antonio Machado, « il n’y a pas de chemin, seulement des sillages sur la mer. »

Et souvenez-vous : avancer vers des objectifs qui comptent vraiment, c’est partir en mer en pensant qu’on trouvera les Indes, et finalement découvrir les Amériques !


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