Comment en sommes-nous arrivés là ? Et que faire, maintenant ?
Comment en sommes-nous arrivés là ? Et que faire, maintenant ?…
Observons-nous, dans nos vies ordinaires…
A la maison, vous préparez un biberon, choisissez des habits pour descendre au parc, tout en le surveillant pour qu’il ne se blesse pas, tandis que le téléphone sonne…
Au bureau, responsable de service, les rapports à lire s’accumulent, le téléphone sonne, vous devez préparer votre réunion et votre équipe vous demande si vous pouvez faire le point sur deux dossier en cours…
Au volant, indépendant à votre compte, vous espérez pouvoir joindre votre comptable entre deux rendez-vous, sans oublier plusieurs devis à réaliser, quand votre client principal appelle…
Ou encore : vous venez de terminer de préparer votre prochaine réunion de direction. Adepte de la gestion optimisée du temps, vous vous êtes octroyé une heure pour cela. Avant d’aller prendre un café, le temps d’une pause de deux minutes, vous effectuez une scan rapide pour identifier d’éventuelles urgences dans votre boite de réception d’e-mails. Cinquante nouveaux messages viennent d’arriver…
… comment en sommes-nous donc arrivés là ? Et, surtout, que faire maintenant ?
Les symptômes du problème – Stress et perte de repères
De quoi l’augmentation du stress et la perte de repères sont-ils le symptôme ?
De nombreuses études démontrent que l’augmentation du stress et le sentiment de perte de signification sont des problèmes préoccupants dans nos sociétés actuelles. Deux résultats sont particulièrement éclairants :
1) Une recherche de 2019 de Gariépy et al. a examiné les liens entre le stress professionnel et le sentiment de perte de signification au travail. Les chercheurs ont constaté que les travailleurs qui ressentaient des niveaux élevés de stress étaient plus susceptibles de ressentir un manque de sens dans leur travail, ce qui pouvait entraîner une baisse de la satisfaction professionnelle et un risque accru de burn-out.
Ici, c’est donc le stress qui crée la perte de sens, et non le contraire, ce qui peut paraître paradoxal
2) Une étude réalisée en 2018 par Steger et al. a, elle, exploré l’évolution du sentiment de perte de signification chez les étudiants universitaires au fil du temps. Les résultats ont révélé que les étudiants éprouvant des difficultés à trouver un sens à leur existence étaient davantage susceptibles de développer des problèmes de santé mentale, tels que le stress et la dépression.
S’intéresser au développement personnel et au sens des choses est donc une nécessité !
Le stress et la perte de repères sont ainsi étroitement liés. Le désir de donner du sens à sa vie est fondamental pour l’être humain. Il est donc essentiel de comprendre ce qui nous arrive afin de satisfaire notre quête de sens et de déterminer comment réagir face aux situations que nous rencontrons (le pouvoir d’agir !).
La cause du problème – L’Accélération du temps
L’accélération sociale, technologique et culturelle affecte la vie des individus et les relations sociales. Cette accélération du temps est une caractéristique fondamentale de la modernité et se déploie donc selon trois directions :
1) Les accélération techniques
Les innovations technologiques ont permis une augmentation rapide de la vitesse à laquelle nous nous déplaçons, communiquons et produisons des biens et des services. Pensez, par exemple, aux tous derniers développements de l’intelligence artificielle et à l’accélération technique que ces assistants cognitifs vont produire.
2) Les accélération du changement social
L’accélération technique entraîne une accélération du changement social, avec des conséquences sur la manière dont nous nous percevons et interagissons entre nous.
3) L’accélération de la temporalité individuelle
L’accélération du temps affecte notre expérience subjective du temps, nos rythmes de vie et notre rapport au passé, au présent et au futur, à ce que nous étions et à ce que nous ambitionnons de devenir.
Une référence, à lire absolument, sur le sujet :
Accélération – Une critique sociale du temps de Hartmut Rosa.
L’Adaptation par l’éducation
Cette accélération amène la nécessité d’une adaptation intense et nous fait entrer dans ce que Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee appellent le « deuxième âge de la machine », caractérisé par des innovations technologiques rapides et l’essor de l’intelligence artificielle, de la robotique et des technologies de l’information. Ils soutiennent que ces développements ont le potentiel de transformer radicalement l’économie et la société, avec des conséquences sur l’emploi, la productivité et la distribution des revenus.
Brynjolfsson et McAfee discutent également du paradoxe de la productivité (le paradoxe de Solow) lié au fait que les avancées technologiques pourraient ne pas se traduire immédiatement par des gains de productivité observables. Cela pourrait notamment être dû au fait que les adaptations humaines et d’organisation à ces nouveauté ralentiraient les améliorations. Les auteurs soulignent ainsi l’importance de l’éducation pour s’adapter aux défis et aux opportunités présentés par ce « deuxième âge ».
De fait, nous ne sommes pas totalement adaptés à ce nouveau monde. Nous l’avons détaillé dans l’article sur les Tigres de papier : nos systèmes physiologiques, limbiques et cognitifs recyclent implicitement les mécanismes comportementaux de base (fuite, agression, sidération) pour essayer de les appliquer à la vie contemporaine. Nous le faisons en mobilisant intuitivement, empiriquement, et sans réflexion, des schémas de réaction ancestraux, et nous les modifions peu, sans expérience ni formation.
Ainsi, ces mécanismes qui étaient parfaitement adaptés pour la survie en milieu hostile ne le sont plus, et sont maintenant devenus la cause de nos souffrances.…
Cela donne d’ailleurs une clé de compréhension sur le paradoxe de Solow. Nous sommes globalement, toutes et tous, perturbés et touchés de plein fouet par ces évolutions et que nous ne nous nous sommes pas encore pleinement adapté à ces changements. La productivité n’est donc pas toujours au rendez-vous.
Une référence, à lire absolument, sur le sujet :
Le Deuxième âge de la machine par Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee.
Éducation et progrès retrouvé
Le manque éducation à l’efficacité professionnelle ou personnelle nous place dès lors dans une situation incroyable. Rien n’est plus important, en termes d’efficience comme de bien-être au travail, que la capacité à faire face à ces défis posés à nos système cognitifs et limbique. Et pourtant, chacun de nous est renvoyé à ses propres improvisations. Combien d’entre nous a appris à traiter ses e-mails, organiser son temps, gérer le stress, les conflits et les relations ?
Car l’efficacité et la sérénité s’apprennent et se travaillent, elles sont le produit de compétences (un savoir-agir en situation) qui peuvent s’acquérir et s’entraîner. C’est une forme de vaccination contre le burn-out, à l’aide de système de réussite efficaces et de stratégies de transformation abouties.
L’Amélioration par les neurosciences
Compréhension des mécanismes à améliorer, formation, éducation… c’est donc là qu’interviennent les neurosciences, par la capacité qu’elles nous apportent à comprendre les mécanismes neurobiologiques sous-jacents déclenchés par cette transformation et cette évolution du monde.
Prenons l’exemple du stress professionnel. Pour trouver des solutions efficaces afin prévenir et gérer ce stress, il est essentiel de comprendre les mécanismes neurobiologiques qui le sous-tendent. Et en comprenant ces bases neurobiologiques, nous pouvons mieux cerner les facteurs qui le déclenchent et développer des interventions ciblées pour les atténuer.
Les neurosciences permettent ainsi de découvrir les processus qui se produisent dans le cerveau lors d’une situation stressante, tels que la libération d’hormones, l’activation de certaines régions cérébrales et les interactions entre les systèmes nerveux et endocrinien. Grâce à ces connaissances, il est possible de mettre en place des stratégies personnalisées pour lutter contre les fameux Tigres de papier, ou d’élaborer des process qui permettent de gérer ses e-mails en toute quiétude. Ces stratégies peuvent même être adaptées pour tenir des particularités de chacun.
Autre atout des neurosciences : il est parfois bien difficile de savoir quelles solutions sont efficaces face à la multitude des recommandations parfois douteuses qui nous sont faites. Celles dont la pertinence est validée par les neurosciences se distinguent des autres, qui relèvent sinon trop souvent des lieux commun, légendes urbaines, ou neuro-mythes.
Cette compréhension scientifique et profonde des origines de notre manque d’efficacité et de sérénité peut ainsi permettre de cerner précisément les solutions à adopter, et peut faire des neurosciences une piste vers une amélioration de nos capacités ainsi qu’une liberté retrouvée.
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