Un système puissant pour vaincre l’oubli et l’apocalypse cognitive

Nous sommes constamment assaillis par une quantité phénoménale d’informations. Une avalanche incessante de données, d’idées et de connaissances qui peut rapidement nous submerger.

Une étude menée par l’université de Californie révélait qu’en 2009, déjà, nous consommions en moyenne 34 Go d’informations par jour. Conjugué aux sollicitations incessantes de notre attention, nous sommes ainsi exposés à une véritable « apocalypse cognitive » (d’après le titre du livre de Gérard Bronner).

L’impact de cette surcharge et de ces sollicitations sur notre système cognitif est majeur. C’est une nouveauté dans l’histoire de l’humanité. Il menace notre santé mentale et notre bien-être, tout comme le sentiment que nous avons de réussir à trouver notre place et notre utilité dans le monde.

Dans ces conditions, comment identifier l’important et l’essentiel, comment construire sa réflexion et maintenir son pouvoir de penser ? D’autant plus qu’un autre phénomène se conjugue à l’apocalypse cognitive : l’oubli !

S’il constitue paradoxalement une protection salutaire, comment réussir à retenir quelque chose de ce flux incessant de données ? Et si nous oublions tout, comment entretenir notre identité, et réussir à être nous-même dans un monde fluctuant et débordant d’informations ! Comment se construire sans mémoire ?

L’apocalypse cognitive conjuguée à l’oubli sape ainsi notre capacité à penser. Et notre pouvoir sur le monde, notre identité, comme notre capacité à tisser des relations en ressortent fragilisés.

Trouver un système

Pour lutter efficacement contre ces deux fléaux contemporains, il vous faut donc un système efficace, qui doit vous permettre :

• de limiter au maximum votre charge cognitive face au flux d’informations,
• de filtrer radicalement, d’organiser et d’exploiter efficacement le flux d’informations,
• de faciliter la production d’idées et la mise en relation de ces idées, ce qui permet la transformation des informations en connaissances.

Tel un chercheur d’or, ce système doit vous aider à trouver les pépites dans le flux continu d’informations. Il vous aidera à maintenir votre pouvoir de penser, en produisant un savoir que vous pourrez ensuite mobiliser et transformer en pouvoir d’agir sur le monde.

Face à ces évolutions, les principes du taylorisme et de la recherche de productivité dans la gestion des connaissances vont notamment garder tout leur sens, au contraire de l’idée répandue qui voudrait que cette approche aliène la personne. L’idée est justement ici de libérer l’individu en lui permettant :

• de faire moins mais mieux, c’est à dire
• de consommer moins d’information,
• tout en sélectionnant les connaissances les plus pertinentes, qui ont le plus grand potentiel en termes d’impact et de créativité !

L’objectif de Renouveau Pro Perso est de contribuer à cette amélioration et à cette optimisation de vos système de gestion des connaissances, pour vous libérer, et faciliter votre renouveau.

Les propriétés d’un système de gestion des connaissances

En anglais, un tel système est appelé un PKMS (Personal Knowledge Management System). Le terme français est « Système de Gestion des Connaissances ».

En le développant, vous pourrez ainsi réussir le défi de concilier la tension entre :

• la nécessité de rester ouvert aux nouveaux développements et aux nouvelles idées,
• la nécessité de créer et de filtrer les informations, pour vous focaliser et structurer vos connaissances.

Les systèmes de gestion des connaissances ont ainsi connu une évolution au cours du temps, selon trois étapes essentiellement, qui reflète l’évolution du concept d’information et de son utilisation dans le monde économique. D’une donnée statique, elle peut à peu devenue connaissance orientée vers l’idée de mise en application. Trois systèmes se distinguent ainsi :

• les systèmes de type 1 construits autour de la notion simple de traitement de données. Il s’agit de stocker l’information, en la structurant sous forme de fichiers et de répertoires, sans relations entre eux ;
  –
• les systèmes de type 2 qui exploitent la notion de gestion de contenu. L’idée d’exploitation prend alors l’ascendant sur celle de collecte. Il s’agit de s’intéresser à l’utilisation qui est faite des données. Les systèmes de gestion de contenu cherchent alors à mettre en relation les détenteurs d’information pour en favoriser l’usage adapté ;
  –
• les système de type 3 qui se développe enfin avec idée de gestion des connaissances, partagées et devenue essentielles dans l’entreprise. L’idée de connaissance, c’est à dire d’une information rendue utile et exploitable, devient centrale. La perspective de la mise en relation et de l’utilisation de la connaissance structure l’ensemble de la gestion de l’information.

Les quatre types de flux d’information

Tiago Forte, spécialiste connu du développement des PKMS a souligné le point essentiel à régler : « Anytime you don’t have a place for information to flow to, it will pile up, multiply, and become a problem. » : « Chaque fois que vous n’avez pas d’endroit vers lequel l’information peut se diriger, elle s’accumule, se multiplie et devient un problème. »

La première chose que vous devez faire est donc de trouver un processus par lequel toute chose trouve sa place de manière fluide pour vous libérer du temps de penser.

Or quatre types d’informations vont principalement se présenter à vous :

• 1) l’information sous forme de ressources et contenus à archiver dans votre système de gestion des fichiers,
• 2) l’information sous forme de références à conserver dans un système de gestion des références,
• 3) l’information sous forme d’idées à développer dans votre système de gestion des notes,
• 4) l’information sous forme de tâches, éléments actionnables, à activer par utilisation de votre système de gestion des tâches et des projets.

Bâtir différents systèmes pour mieux agir

Le système de gestion des fichiers (1) correspond à l’organisation de vos fichiers informatiques et de vos fichiers papier. Le gestion de gestion des références (2) revient à utiliser des solutions comme Instapaper et Feedly. Le système de gestion des notes (3) va représenter le cœur de votre système de gestion des connaissances, et nous vous recommandons plus bas d’utiliser Obsidian. Enfin, votre système de gestion de vos tâches et projets (4) renvoie à la gestion de votre activité, et dépasse le rôle de votre système de gestion des connaissances, et relève déjà du système de gestion de l’action.

Ces différents systèmes que nous décrivons plus précisément dans d’autres articles vont devoir être reliés les uns aux autres pour pouvoir être efficaces.

L’interfaçage, en particulier, entre vos deux systèmes de gestion principaux (le système de gestion des connaissance et le système de gestion de l’action) se fera au niveau de votre système de gestion des tâches et des projets qui va devenir la clé de voûte de votre organisation professionnelle et personnelle, en s’appuyant justement sur le système de gestion des connaissances que nous sommes en train de bâtir.

A terme, un système optimisé et régulièrement entretenu de gestion des connaissances vous permettra donc de relier harmonieusement, vos connaissances, vos projets, vos habitudes et vos valeurs.

Trois personnages clé

Il est possible de distinguer trois logiques de traitement, de stockage et d’action face au flux d’information pour produire de la connaissance. Ces trois logiques renvoient à trois personnages.

Le savant – La logique de contenu

Chercheur, savant ou spécialiste, il pratique une approche hiérarchique des connaissances, qu’il répartie en catégories. La connaissance est produite selon une idée d’architecture, de répertoire et d’appartenance

L’ingénieur – La logique de fonction

Ingénieur ou artisan, il exploite les connaissances selon une approche dynamique. Il les inscrits dans une logique de projets, au regard de leurs fonctionnalités et des résultats qu’elles apportent.

L’explorateur – La logique de réseau

Artiste ou messager, il pratique une approche relationnelle en cherchant en premier lieu à tisser des liens entre les connaissances. Il pratique un cheminement et une approche progressives, sans plan préétabli, qui permet la découverte.

De part cette diversité des approches, l’essentiel va donc être de permettre à ces trois démarches de cohabiter, et de faire des choix d’organisation et de logiciels (comme Obsidian) qui autorisent l’existence de ces trois personnages. Ainsi, votre système de gestion des connaissances pourra satisfaire l’une ou l’autre des approches, , même si vous en venez, définitivement, ou momentanément, à en préférer une.

Il se peut même que certaines parties de votre système deviennent très hiérarchiques (logique du savant) pour des domaines dans lesquels vous avez accumulé un important savoir universitaire, tandis que d’autres seront plus orientés projets ou exploration de nouveaux concepts par la mise en relation des idées.

Comment s’y prendre

Nous vous accompagnerons dans le cadre d’articles à venir. Mais vous pouvez d’ores et déjà entreprendre les modifications suivantes.

Tout d’abord choisissez les bonnes solutions :

1. commencez par découvrir le logiciel Obsidian,
2. faites un premier bilan sur votre méthode de stockage des données (fichiers, références, notes, manière de noter les fichiers),
3. commencez à utiliser Obsidian pour noter toutes vos nouvelles idées.

Ensuite changez de paradigmes au sujet de vos notes :

1. faites-en un processus dynamique ayant pour objectif la construction et la création de pensées, et non une simple collecte d’informations,
2. ne cherchez pas à catégoriser vos notes de manière figée, classez tel que cela vous vient,
3. faites de l’atomisation étape centrale qui consiste à dissocier vos notes et idées en éléments les plus élémentaires possible et donc les plus facilement réutilisables possible ; après tout la nature fonctionne ainsi, avec les atomes, pourquoi pas vous ?
4. peu à peu , intégrez vos notes déjà existantes à Obsidian.

Enfin, commencez jour après jour à identifier les différentes étapes dans le processus de production de connaissances :

1. collecte dans Obsidian,
2. atomisation par identification des concepts dans Obsidian,
3. mise en réseau progressive des idées dans Obsidian,
4. fusion avec d’autres idées dans Obsidian,
5. et enfin utilisation de cette matière première dans vos projets et autres fichiers.

Et maintenant, jardinez !

La gestion efficace des connaissances est donc un enjeu majeur dans notre ère de surabondance informationnelle. Sans elle, pas de liberté de penser, pas d’épanouissement possible. Car chaque fois fois qu’une idée ou une information intéressante ne trouve pas de lieu où se déposer et se développer, vous augmentez votre charge cognitive.

Voltaire l’a dit : « Il faut cultiver son jardin ». Représentez-vous votre esprit comme un jardin luxuriant où chaque fleur représente une idée, et chaque plante ou racine, un réseau de relation entre vos idées. Pour cultiver ce jardin de manière harmonieuse, il est nécessaire de l’organiser, de le structurer et de le nourrir régulièrement. Un bon système de gestion des connaissances vous permet de prendre soin de votre jardin cognitif, et d’en assurer le plein épanouissement.

N’oubliez pas que la mise en place d’un tel système de gestion de connaissances est une œuvre longue, un processus imparfait, itératif et évolutif qui prend du temps, qu’il convient d’adapter constamment à vos besoins, à votre environnement et à vos objectifs.

Nous compléterons cet article par d’autres conseils pour vous aider à bâtir peu a peu puis optimiser et entretenir ce système de gestion de connaissances solide, qui vous aidera à naviguer avec aisance dans le flux d’informations et à transformer les connaissances en actions concrètes et fructueuses.

Afin que votre pouvoir de penser, libéré et affirmé, se transforme en pouvoir d’agir !

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